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    De Goya Francisco (La lutte)

     

    Un couple d'ennemis brandissant des bâtons se bat au beau milieu des sables mouvants.

    Attentifs aux tactiques de l'autre, chacun répond coup pour coup et réplique contre esquive.

    Hors le cadre du tableau,

    nous autres spectateurs observons la symétrie des gestes au cours du temps

    Quel magnifique et banal spectacle !

    Or le peintre-Goya- enfonça les duellistes jusqu'aux genoux dans la boue.

    A chaque mouvement,

    un trou visqueux les avale,

    de sorte qu'ils s'enterrent ensemble graduellement.

    L'abîme où ils se précipitent,

    les belligérants ne le devinent pas

    au contraire, de l'extérieur, nous le voyons bien...

    Et maintenant : n'oublions pas le monde des choses elles-mêmes,

    la lise, l'eau, la boue, les roseaux du marécage ?

    Dans quels sables mouvants pataugeons-nous de conserve,

    adversaires actifs et malsains voyeurs ?

    Et moi-même qui l'écris,

    dans la paix solitaire de l'aube ?

                                                                  (Le contrat naturel :Michel Serres)


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  • Réduire les émissions de gaz à effet de serre permet de lutter contre le changement climatique mais certaines actions peuvent avoir des conséquences néfastes pour la santé et l'environnement, soulignent les experts.

    "C'est une situation paradoxale, très peu connue", indique Jean-Felix Bernard, ancien président du Conseil national de l'air.

    "Certaines opérations de lutte contre l'effet de serre peuvent avoir un effet d'augmentation des polluants avec une toxicité immédiate", explique ce spécialiste des questions de pollution de l'air.

    Par exemple, isoler son logement permet de faire des économies d'énergie et de contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réhauffement planétaire.

    Mais à l'intérieur, l'air peut être irrespirable s'il n'est pas renouvelé, "une véritable mixture avec des polluants de l'air extérieur et intérieur", s'inquiéte Philippe Richert, sénateur UMP du Bas-Rhin, dans son récent rapport sur la qualité de l'air.

    Près d'un logement sur dix en France présente des niveaux de pollution chimique très élevés, a révélé l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur dans une récente étude.

    Autre exemple, le chauffage au bois, très écologique à priori car il est neutre en terme d'effet de serre, les quantités de gaz carbonique rejetées lors de la combustion s'équilibrant avec celles consommées par l'arbre pendant sa croissance.

    Pourtant, ce mode de chauffage, vivement encouragé par les pouvoirs publics, pollue: il représente près de 40% des émissions de particules les plus fines et les plus toxiques, selon le sénateur Richert.

    "Cette réalité est aujourd'hui méconnue, voire occultée en France", estime-t-il.

    La France est le premier pays consommateur de bois-énergie en Europe.

    Au Canada et en Suisse, les pouvoirs publics ont pris des mesures récemment pour limiter le recours à ce type de chauffage.

    Les biocarburants pourraient également se révéler une autre fausse bonne idée.

    L'association de consommateurs UFC-Que Choisir et la Confédération paysanne, opposée à l'agriculture intensive, ont exprimé récemment des doutes sur le bilan énergétique des agro-carburants.

    Les biocarburants proviennent de zones de grandes cultures, nécessitant de grandes quantités d'engrais fabriquées à partir de pétrole et de l'énergie pour les tracteurs, les transports des récoltes et leur transformation.

    Si l'on tient compte de l'énergie consommée tout au long du processus de fabrication, "le biocarburant ne présente aucun intérêt, le gain énergétique est nul tant sa production consomme d'énergie", selon Que Choisir.

    Le moteur diesel, présenté comme plus "propre" que le moteur à essence par les constructeurs automobiles, parce qu'il consomme 20% à 30% de moins et qu'il dégage ainsi moins de CO2, est néanmoins plus nocif que l'essence pour l'air ambiant, car il émet plus de particules et d'oxydes d'azote.

    Les particules diesel font partie des particules fines en suspension dans la pollution atmosphérique, dangereuses dans la mesure où elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons et atteindre la région alvéolaire, selon l'Afsset, l'agence santé-environnement.

    Le filtre à particules permet d'éviter cette pollution mais sa généralisation n'est pas prévue avant 2010 avec la norme Euro 5.

    Pour que la totalité du parc diesel soit renouvelée, il faudra s'armer de patience, fait remarquer M. Richert, la durée de vie moyenne d'une voiture étant d'environ 13 ans.

    Source : La lettre de Terre Sacrée du 20 février 2007 http://terresacree.org


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  • Dans son bulletin mensuel du 15/02/07 [1], le National Climatic Data Center, indique que les résultats préliminaires montrent que le réchauffement planétaire a battu de nombreux records, en janvier 2007 :

    1°) Température moyenne globale de la Planète
    - La température moyenne globale de janvier 2007 (continents + océans), a dépassé de +0,85°C la moyenne des températures observées au 20ème siècle (précédent record : janvier 2002, avec un réchauffement de +0,71°C).
    - la température globale moyenne sur les continents a aussi battu un record, avec un réchauffement de + 1,89°C (précédent record : janvier 2002, avec un réchauffement de +1,44°C)


    2°) Température moyenne globale dans l'Hémisphère Nord
    - La température moyenne globale de janvier 2007 dans l'Hémisphère Nord (continents +océans), a dépassé de + 1,16°C la moyenne des températures observées au 20ème siècle, (précédent record : janvier 2002, avec un réchauffement de
    +0,93° C).
    - La température globale moyenne sur les continents, a aussi battu un record, avec un réchauffement de + 2,28°C (précédent record : janvier 2002, avec un réchauffement de +1,87°C)

    http://www.ncdc.noaa.gov

    Source : La lettre de Terre Sacrée du 17 février 2007


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  • Les déchets organiques enfouis dans les décharges se transforment en biogaz, composés notamment de méthane, qui est le principal constituant du gaz naturel. Une fois libéré dans l'atmosphère, le méthane contribue à l'effet de serre.

    Au cours de l'été 2006, un système BIOGAZ a été installé près de Johnstown, en Pennsylvanie, dans le cadre d'un nouveau projet de récupération du méthane des décharges. Harry Crouse, Président de Keystone Renewable Energy, LLC, a déclaré : « Nous sommes tellement satisfaits de la performance du système BIOGAZ que nous avons déjà commandé deux autres unités pour nos projets dans l'ouest de la Pennsylvanie. La technologie BIOGAZ de MEDAL nous a permis de capter et de recycler de manière économique et écologique de l'énergie que nous aurions autrement rejetée ou brûlée. » Des installations supplémentaires pour Keystone sont prévues pour la fin de l'été 2007.

    Chaque système BIOGAZ est capable d'extraire et de retraiter 40 000 à 160 000 m3 de gaz de décharge par jour. La principale qualité du système BIOGAZ est de pouvoir capter un flux d'énergie qui serait autrement rejeté et de le recycler en énergie de haute qualité. Le système contribue également à réduire les gaz à effet de serre qui s'échappent des sites d'enfouissement et nuisent à l'environnement. Le méthane recyclé peut ensuite être acheminé directement dans le réseau de canalisations.

    Les activités de R&D et Technologies Avancées d'Air Liquide représentent un réseau de 1 400 salariés, issus de 25 pays différents et répartis dans 18 centres en Europe, en Amérique du Nord et au Japon. MEDAL est une division d'Air Liquide Advanced Technologies U.S. LLC, qui développe la technologie membrane, utilisée pour diverses applications industrielles et environnementales.


    http://www.enerzine.com/12/1997+Air-Liquide-lance-son-systeme-BIOGAZ+.html

    Source : La Lettre de Terre sacrée du 15 février 2007


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  • Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, prononcée à l'occasion de l'ouverture de la Conférence pour une gouvernance écologique mondiale "Citoyens de la terre".

     


    Palais de l'Élysée, Paris, le vendredi 2 février 2007

    Monseigneur,
    Monsieur le président de la Commission européenne,
    Madame la présidente de l'Assemblée générale des Nations Unies,
    Madame la présidente, chère Madame ROBINSON,
    Monsieur le président, cher Abou DIOUF,
    Messieurs les Premiers ministres,
    Mesdames et messieurs les ministres,
    Mesdames et messieurs les ambassadeurs,
    Mesdames et messieurs, mes chers amis,

    La planète souffre : la multiplication de ses réactions extrêmes, ouragans, inondations, sécheresses, en est le meilleur symptôme, si j'ose dire. La nature souffre : les espèces s'éteignent à un rythme alarmant. Nous en avons la preuve, l'activité humaine engendre ces dérèglements. Le jour approche, où l'emballement climatique échappera à tout contrôle : nous sommes, en vérité, au seuil historique de l'irréversible.

    Le développement de l'humanité dans son berceau africain comme l'a justement démontré le Professeur Yves COPPENS a été rendu possible par des changements climatiques : aujourd'hui, animés d'une rapidité sans précédent, ces changements pourraient nous conduire tout simplement à notre perte. Les civilisations sont mortelles, mais ce n'est pas toujours aux guerres qu'elles succombent : la surexploitation des ressources naturelles a décimé les Mayas, les Vikings du Groenland, les Polynésiens des Îles Pitcairn, les Indiens Anasazi. Chacune de ces sociétés, qui furent des sociétés brillantes, a vécu dans l'inconscience et l'aveuglement jusqu'à la fin. Chacune symbolise la fragilité de l'Homme et ce qui pourrait être le destin de l'humanité.

    Depuis des années, au sein des instances européennes, au sein du G8, dans toutes les enceintes internationales, la France se bat. Elle se bat pour faire entendre l'urgence environnementale. De Rio à Kyoto et à Johannesburg, la communauté internationale n'est pas restée inactive, c'est vrai : elle s'est dotée d'instruments, de conventions, d'institutions. Mais il faut considérablement accélérer la prise de conscience, amplifier résolument notre action. C'est pour cela que j'ai voulu cette conférence de Paris sur une gouvernance écologique mondiale. C'est pour cela que je suis particulièrement heureux de votre présence aujourd'hui et que je vous en remercie de tout coeur.

    Nous sommes, et à juste titre, fiers de notre intelligence et de nos prouesses techniques. Mais, en quelques siècles, nous avons brûlé des ressources accumulées durant des centaines de millions d'années. Nous détruisons des écosystèmes qui abritaient une biodiversité perdue à jamais, nous privant ainsi de clés indispensables pour le futur. Tout cela, nous le savons : alors, pourquoi tardons-nous à prendre les mesures qui s'imposent ? Parce que, dans un égoïsme coupable, nous refusons d'en tirer les conséquences. Parce que nous sommes incapables de nous affranchir de schémas de pensée obsolètes, d'une structure économique héritée du XIXe siècle. Parce que notre organisation politique internationale est inadaptée à l'enjeu vital du XXIe siècle, qui est l'enjeu écologique.

    Face à l'urgence, le temps n'est plus aux demi-mesures : le temps est à la révolution au sens authentique du terme. La révolution des consciences. La révolution de l'économie. La révolution de l'action politique.

    La révolution des consciences. L'Homme ne doit plus se concevoir seulement comme "maître et possesseur de la nature". Cette ambition, nécessaire jadis pour faire triompher l'idée de progrès, nous conduit aujourd'hui au bord du gouffre. Il nous faut passer à un nouveau stade de la conscience humaine : notre intelligence doit se consacrer à la protection de la planète. Nous devons apprendre à cultiver un rapport harmonieux entre l'Homme et la nature. Un rapport nouveau et qui s'impose.

    Notre responsabilité vis-à-vis de la Terre est inséparable de notre responsabilité vis-à-vis de l'humanité : l'exigence écologique ouvre un chapitre inédit des droits de l'homme. Il nous faut affirmer et faire respecter un nouveau droit fondamental : le droit de bénéficier d'un environnement sain et préservé. C'est cela, l'écologie humaniste.

    C'est une révolution culturelle. Elle passe par l'éducation de tous, et notamment des plus jeunes, aux enjeux environnementaux. Pour que nous devenions tous des "citoyens de la Terre", adoptons aux Nations Unies une Déclaration universelle des droits et des devoirs environnementaux : elle sera l'expression d'une éthique écologique commune, dont s'imprégneront aussi bien l'action publique que nos actes individuels. La France a été le premier pays à adosser une Charte de l'environnement à sa Constitution : je souhaite que cette initiative inspire l'ONU, et que chaque État inscrive la préoccupation écologique dans ses textes fondamentaux.

    La révolution des consciences rendra possible la révolution de l'économie. Dans un monde où plus de 800 millions d'hommes, de femmes et d'enfants souffrent de la faim, la réponse au défi écologique ne saurait être la "croissance zéro". L'aspiration des peuples à une vie meilleure est une inspiration légitime : elle doit guider nos politiques. Mais la planète ne pourra supporter longtemps le mode de croissance qui est actuellement le nôtre. Pour sortir de ce dilemme, nous devons inventer une autre croissance.

    Une nouvelle révolution industrielle est devant nous, celle du développement durable. Elle passe par la transformation radicale de nos modes de production et de consommation : respect des ressources et des milieux naturels ; limitation des pollutions ; intégration de la qualité environnementale dans le calcul de notre richesse ; valorisation des ressources naturelles à leur juste prix. Il faut que les entreprises prennent la mesure de leur responsabilité environnementale. Et il faut susciter des ruptures technologiques : développer les énergies sans gaz à effet de serre, avec le chauffage et l'électricité solaires, avec les bioénergies pour la chaleur avec les carburants. Renforcer les économies d'énergie avec des bâtiments non plus consommateurs, mais producteurs d'énergie, avec les voitures et les camions propres. Avancer vers la capture et le stockage du CO² pour la production d'électricité, de ciment ou d'acier.

    Cette ère nouvelle porte la promesse d'une vie meilleure pour tous. Les économies les plus innovantes et les plus respectueuses de l'environnement seront demain les économies les plus puissantes. Mais pour cela, nous avons besoin de règles de concurrence claires et loyales. Soit la communauté internationale s'y emploie, soit ce sera la "guerre écologique".

    L'effort doit être équitablement réparti. Les pays du Nord ont, les premiers, bâti leur richesse sur l'exploitation massive des ressources naturelles : ils doivent assumer leurs responsabilités, en respectant, dans un cadre concerté, des règles de production et des normes environnementales. C'est tout l'enjeu des négociations sur la lutte contre le réchauffement climatique, dans le cadre de la Convention des Nations Unies, pour décider de l'avenir du Protocole de Kyoto, et cela avant 2009. En s'engageant, à l'initiative de la France et du Royaume-Uni, avec l'encouragement total de la Commission, à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, l'Union européenne montre la voie.

    Les pays émergents ont beaucoup d'atouts. Ils disposent d'un riche patrimoine naturel : ils doivent être incités à le protéger et à prendre la mesure de leurs responsabilités nouvelles. C'est l'autre enjeu de l'après-Kyoto. La disponibilité de technologies "vertes" leur permettra de passer plus vite que les anciennes nations industrielles à l'économie du développement durable.

    Quant aux pays pauvres, nous devons les aider à se développer dans le respect de l'environnement et à se prémunir contre les conséquences catastrophiques d'un réchauffement climatique pour lesquels ils ne sont pour rien. Je pense aux îles menacées par l'augmentation du niveau de la mer, ou aux pays, comme ceux du Sahel, qui seront atteints par des sécheresses d'une ampleur dramatique.

    Sachons allier lutte contre la pauvreté et révolution écologique, en repensant la notion de patrimoine commun de l'humanité. Des financements innovants, tels que la taxation internationale sur le carbone, permettraient d'apporter aux pays en développement qui s'y engagent les moyens de préserver, pour le bien de tous, les trésors écologiques qu'ils abritent, comme les forêts primaires, et d'accéder d'emblée aux technologies propres. Le succès de la contribution de solidarité sur les billets d'avion au bénéfice de la lutte contre les grandes pandémies nous montre l'exemple qui doit être suivi et nous donne une expérimentation de ce qui doit être fait.

    La révolution des esprits resterait stérile, la révolution économique serait entravée, si elles ne s'accompagnaient pas d'une révolution politique. Elle est en marche : grâce aux associations, grâce à la participation des citoyens, grâce à la mobilisation croissante des élus, l'impératif environnemental inspire de plus en plus les politiques locales et nationales. Mais ce combat se joue à l'échelle mondiale : la crise écologique ignore les frontières. Or, nous agissons encore, trop souvent, en ordre dispersé.

    Il faut construire une gouvernance mondiale de l'environnement. L'unilatéralisme, dans ce domaine aussi, mène à l'impasse. De même qu'il est la condition de la paix, le multilatéralisme constitue la clé pour un développement durable. Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement est un programme et une organisation remarquables à laquelle je tiens à rendre hommage. Mais il ne dispose pas d'un pouvoir et d'un poids institutionnel suffisants. Notre objectif, ce doit être de le transformer en une Organisation des Nations unies à part entière. Cette organisation des Nations Unies pour l'Environnement portera la conscience écologique mondiale. Elle procèdera à l'évaluation impartiale et scientifique des menaces. Forte d'un mandat politique, elle aura la légitimité pour mettre en œuvre les actions décidées en commun. Elle donnera plus de force, plus de cohérence à notre action collective.

    L'ambition de notre conférence, c'est de mobiliser tous les citoyens, tous les milieux, et de constituer un groupe de pays pionniers, prêts à porter ce projet d'Organisation des Nations unies pour l'Environnement, afin de convaincre ceux des pays qui hésitent encore.

    Mesdames et Messieurs, mes chers amis,

    Vous tous qui êtes ici, représentants des États et des organisations internationales, scientifiques éminents, responsables d'ONG, chefs d'entreprises, citoyens engagés, vous êtes les fers de lance d'un mouvement mondial de l'écologie. Vous saurez, par vos débats, par vos travaux, contribuer à la mobilisation responsable et la mobilisation des opinions publiques internationales, mobilisation plus que jamais urgente et nécessaire. À vous toutes, à vous tous, je veux, du fond du cœur, exprimer mon estime, mon respect et surtout ma reconnaissance.

    Je vous remercie.

    Source : http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/discours_et_declarations/2007

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