• L'agressivité d'angoisse et d'irritabilité

    En situation d'inhibition de l'action, situation qui ne peut se résoudre que par l'action gratifiante, on assiste parfois à des explosions d'agressivité ou à des dépressions. En effet, en pareille situation, un stimulus surajouté qui normalement n'aurait pas entraîné d'agressivité peut transformer l'ensemble du comportement.

    L'explosion agressive est une réponse motrice inopinée à l'angoisse, elle ne répond pas aux facteurs qui ont provoqué cette angoisse mais permet d'abandonner l'inhibition de l'action pour une activité motrice, même inefficace.

    Deux facteurs peuvent favoriser l'explosion d'agressivité. Le premier est la toxicomanie, surtout alcoolique, qui, dans la majorité des cas, est à l'origine de la violence. Mais cet alcoolisme est lui-même la conséquence d'une tentative d'occultation de l'angoisse. Comme la violence, et d'ailleurs de façon complémentaire, la toxicomanie est une fuite de la sensation pénible résultant de l'inhibition de l'action gratifiante. Le second facteur provient de l'absence d'interlocuteur auquel parler de son angoisse, car le langage aurait alors déjà constitué un moyen d'action.

    Quant au comportement suicidaire, il s'agit d'un comportement d'angoisse et d'inhibition de l'action dans lequel l'agressivité se tourne vers le sujet envers lequel la socioculture ne peut interdire l'action : le sujet lui-même. Ainsi la toxicomanie pourrait être un comportement intermédiaire dans lequel l'individu fuit l'inhibition due à la socioculture et dirige l'agressivité contre lui-même.

    Enfin, tout ce que nous venons d'observer au niveau de l'individu peut également être constaté au niveau de l'organisation des groupes sociaux. La guerre est-elle autre chose que l'affrontement de deux structures fermées en vue d'établir leur dominance, cette dernière étant nécessaire à leur approvisionnement  énergétique et matériel, et en conséquence au maintien de leur structure ? Le langage, par le biais de la propagande, fait croire à chaque élément du groupe en guerre qu'il défend son propre territoire avec les objets et les êtres qui s'y trouvent alors que, bien souvent, ce n'est que la structure hiérarchique de dominance qui est protégée et défendue.

    Source : La légende des comportements, Henri Laborit


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